Hyperactifs-TDAH

Hyperactifs, TDAH et compagnie

Hyperactifs-TDAH

Hyperactifs, TDAH et compagnie

Dimanche 25 mai 2014 à 15:22

Vers une nouvelle pathologie infantile ?
Après les hyperactifs, les hypoactifs ?



Selon le magazine en ligne Psychomédia, des "chercheurs" américains préconiseraient un nouveau diagnostic chez les enfants, auquel ils souhaitent donner le nom de Rythme Cognitif Lent ("Sluggish cognitive tempo" ou SCT). Les enfants concernés seraient passifs, rêveurs, timides et/ou hypoactifs. Selon Russel Barkley, déjà promoteur d'une méthode de traitement des enfants hyperactifs ou en déficit d'attention (TDAH), et la jeune psychiatre Catherine Saxbe (Licenciée en Formation médicale), ce nouveau "trouble" s'apparenterait, par certains points, au troube de déficit d'attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) dont l'étiologie n'est d'ailleurs toujours pas définie. Le numéro de janvier 2014 du "Journal of Abnormal Child Psychology", organe médiatique de la compagnie privée ISRCAP*, y consacre 136 pages; on peut même dire qu'il est l'un des promoteurs de cette future "pathologie" américaine.

Le Dr Allen Frances, pourtant Présidente de la "DSM-IV Task Force" (Force de frappe de la version 4 du manuel diagnostique américain des maladies mentales), s'oppose, quant à elle, à ce soi-disant nouveau trouble : "SCT is an absurd over-reach that would pin a diagnostic mislabel on millions of normal kids" (le SCT est une absurdité qui dépasse tout en voulant étiqueter de façon erronée des millions d'enfants normaux), ajoutant que "This would be a bonanza for pharmaceutical compagnies but terrible for kids who already are  misdiagnosed and over-medicated" (Ceci représenterait un bonus pour les sociétés pharmaceutiques mais serait terrible pour des enfants alors que certains sont déjà mal diagnostiqués et sur-médicalisés).

D'après ce qu'en rapporte le New York Times, Keith Mc Burnet, qui est l'auteur de plusieurs articles sur ce nouveau "trouble", rappelle qu'il n'y a pas "encore" de consensus sur ses symptômes spécifiques ni sur sa "validité scientifique". Certains peuvent lire entre les lignes que des groupes travaillent actuellement, et peut-être d'arrache-pied, sur l'acceptation d'un tel consensus. Mc Burnet pense que la promotion du concept pourrait exposer les enfants à un diagnostic et surtout à des médicaments non justifiés, "ce qui se produit actuellement avec le TDAH", ajoute-t-il. Car qui dit nouvelle pathologie dit -pour certains du moins- nouveaux médicaments. On est, d'ailleurs, en droit de se poser la question de savoir à qui profiterait ce nouveau diagnostic et si un médicament serait réellement bénéfique à des enfants dont le développement n'est pas aussi rapide qu'une moyenne d'âge donnée. (N'oublions pas qu'une moyenne est faite à partir de plusieurs "écarts" et que seule une infime partie s'y trouve au centre).

Pour en revenir à ce Monsieur Keith Mc Burnet, qui semble penser que le diagnostic pourra être posé dans les années à venir, on apprend qu'il a dernièrement publié des résultats présentés comme positifs d'un essai clinique financé par le groupe pharmaceutique américain Eli Lilly pour tester l'efficacité d'un médicament accusé d'avoir engendré, entre autres effets secondaires graves, des cas de mort subite chez des enfant, le Strattera (voir 
http://www.rxlist.com/strattera-drug/warnings-precautions.htm) aujourd'hui parfois prescrit à certains enfants manquant d'attention ou hyperactifs.

Q
u'en est-il de ce médicament ? Le Strattera fait partie de la pharmacopée du laboratoire Lilly. C'est un sympathomimétique à action centrale, dont le principe actif, l'atomoxétine, augmente très ponctuellement la quantité de noradrénaline (neurotransmetteur) disponible dans le cerveau. La firme pharmaceutique le préconise pour traiter le "TDAH".

Ce médicament neurologique, des dires mêmes du laboratoire fabriquant, entraîne pour tous les patients une augmentation de la fréquence cardiaque et de la pression artérielle cystolistique et diastolique (voir la notice de Eli Lilly). A noter aussi qu'à l'instar de nombre d'autres produits pharmaceutiques, l'enrobé contient du dioxyde de titane (E171) que l'Agence française de sécurité sanitaire (ANSM) déconseille aux enfants en bas âge car potentiellement cancérigène (groupe 2). Pourtant, malgré les mises en gardes et son action sur le cerveau "en construction" des enfants et adolescents, le laboratoire ne se prive pas d'en faire la publicité sur Internet, comme sur cette offre de 30 jours d'essai gratuits : 
https://voucher.strattera.com/form_child.cfm. Etonnamment, on peut lire dans un encart de cette réclame un avertissement indiquant que chez certains enfants et adolescents, le Strattera augmente le risque de pensées ou d'actions suicidaires (In some children and teens, Strattera increases the risk of suicidal thoughts or actions".)
Le laboratoire (Eli) Lilly, apprend-on par l'agence Reuters, fonde de grands espoirs sur ses nouveaux médicaments, dont le dernier en date qui veut supplanter un produit de Sanofi contre le diabète de type 2 (on estime à 382 millions le nombre de diabétiques dans le monde, dont près de 95% de type 2).

D'après Psychomédia, Russel Barkley, qui est souvent cité par les pro-Ritaline**, a lui aussi des liens financiers avec la firme; on peut y lire, par exemple, qu'il "a reçu 118.000 dollars d'Eli Lilly entre 2009 et 2012 pour des consultations et des conférences (sources : propublica.org), ce que rapporte également le New York Times. C'est ce même Russel Barkley qui aurait édité la page de Wikipedia sur ce "trouble" ("Sluggish Cognitive Tempo"). Les médias s'étant emparés de l'affaire "méthylphénidate*", il n'est pas impossible que certains grands laboratoires préparent une sortie d'urgence en contre-pied à ce que les américains surnomment la "kiddy coke". 


Nul doute, en tout cas, que les esprits affûtés se feront leur propre idée sur le pourquoi et le comment de la préparation à la naissance d'un nouveau diagnostic ou plutôt d'une nouvelle maladie mentale.


* ISRCAP : "nternational Society for Resarch in Child and Adolescent Psychopathology", un centre de recherche privé sur les psychopatologies infantiles.

** Ritaline : médicament psychostimulant à base de méthylphénidate, de plus en plus souvent prescrit à des enfants présentant des difficultés d'attention ou de l'hyperactivité (ou hyperexcitabilité nerveuse) et très controversé à cause de ses effets sur le cerveau en construction des enfants.


A lire aussi (en espagnol) : 

http://www.elconfidencial.com/alma-corazon-vida/2014-04-27/la-nueva-enfermedad-que-puede-estarte-afectando-sin-que-lo-sepas_116617/
Article connexe intéressant sur la censure médicale :
http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2014/05/20/01016-20140520ARTFIG00001-quand-le-quotidien-du-medecin-censure-une-publicite.php
Extrait :
"De son passé dans l'industrie, John Virapen** a écrit un livre qui vient d'être traduit en français après l'avoir été dans une vingtaine de langues : "Médicaments: effets secondaires, la mort". L'ouvrage décrit par le menu "la falsification de toutes les études cliniques, la dissimulation des accidents mortels aux agences de contrôle, les mensonges systématiques aux généralistes par les visiteurs médicaux et surtout la corruption des experts universitaires infiltrés par les agences d'Etat et celle des politiques", selon les mots choisis par son éditeur, le Cherche Midi, pour promouvoir le livre."

*** J. Virapen a été PDG de la firme Lilly en Suède.

PS : ceux et celles qui veulent s'informer un peu plus sur le Strattera ont intérêt à effectuer leur recherche à partir d'un autre moteur que Google, celui-ci n'ayant curieusement quasi aucune information disponible sur ce médicament.



 

Commentaires

Vos commentaires

Par Pierre Robesson le Vendredi 12 février 2016 à 22:40
Excellent job, merci beaucoup pour le travail que vous faîtes
 

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