Hyperactifs-TDAH

Hyperactifs, TDAH et compagnie

Hyperactifs-TDAH

Hyperactifs, TDAH et compagnie

Dimanche 16 mars 2014 à 11:16

 
C'est ce titre, relevé sur une alerte médicale, qui a attiré mon attention, le 28 février dernier (2014). Il provient d'un article très sérieux paru le même jour sur le site de Mediapart, signé par Alain Gillis.

Le TDAH, une maladie fabriquée ? Est-ce possible ?

L'auteur de l'article rapporte d'abord que cette appellation d'"Hyperactivité avec troubles de l'attention" est apparue il y a peu ou prou 15 ans. Il a voulu se renseigner sur l'origine de ce trouble. Bien sûr, écrit-il, les sites affirmant l'existence de "ce TDAH" sont très nombreux à proclamer la véracité de cette affection, soulignant dans le même temps la propension à y voir des origines génétiques.  "Jamais rien sur le père fondateur du TDAH", s'étonne M. Gillis.

Mais il a fini par trouver : cette affection a été inventée par Léon Eisenberg (1922-2009), un psychiatre américain qui avait imaginé que l'agitation de certains enfants pouvait être due à une séquelle d'affection neurologique moindre non décelée auparavant. Or, chose intéressante, il se trouve que ce Docteur Eisenberg faisait partie des membres du groupe de psychiatres qui ont établi la "nouvelle Bible" américaine des troubles psychiatriques, le très controversé manuel diagnostique des maladies mentales made in US, le "DSM" (Diagnostic and Statistical Manual of Mental Diseases).  Il propose son interprétation et le succès est au-delà de ses espérences. Il est pris très au sérieux, notamment par les laboratoires qui fabriquent et commercialisent la molécule du futur médicament : le méthylphénidate, qui est la base de la Ritaline, du Concerta et du Quasym, des médicaments qui agissent comme les amphétamines -quoi que la molécule n'en soit pas à proprement parler- et sont souvent prescrits dans ce "trouble". Effectivement, cette substance chimique permet de se concentrer sur la tâche à accomplir, c'est un excitant (un "speed", disent certains); le méthylphénidate est d'ailleurs classé officiellement parmi les stupéfiants. Et il possède les mêmes effets secondaires que les amphétamines, voire de la cocaïne.

Certes, la substance calme les enfants, efface l'ennui et l'angoisse, notamment scolaire, et aussi apporte un mieux-être aux enfants et à leurs parents (ces derniers sont souvent les plus stressés, nous a fait remarquer, il y a peu, une spécialiste de la question). Mais le prix n'est-il pas cher à payer, avec tous les effets secondaires graves de cette molécule (dont effets psychiatriques irréversibles et décès) ? Il paraît que 10% des jeunes américains prennent chaque jour leur dose. Mais sait-on s'ils arrêtent un jour ou si le traitement est continué à vie (voire susbtitué) - pour ceux qui y survivent ? Et dans quelles conditions ?

L'auteur de l'article a relevé des paroles qu'avait confié Léon Eisenberg lui-même au magazine allemand Spiegel sept mois avant sa mort : "Je n'aurais pas cru que cette idée aurait autant de succès", ajoutant à cela un aveu de taille et surprenant : "Le TDAH est l'exemple même d'une maladie fabriquée (TDAH is prime example of a fictitious disease)". Le créateur de la maladie fictive a donc avoué la supercherie. Pour autant, rien ne semble bouger.

Alain Gillis s'étonne de ce qu'aucun média français n'ai repris cet entretien accordé au Spiegel. "On continue comme si de rien et sans se poser de questions, à "poser" sans rire des diagnostics et à rédiger des ordonnances de ritaline..."


Les croyances, même les plus dangereuses, sont parfois vissées à notre intellect tant certaines sont bien utiles, notamment pour les praticiens qui ont trouvé avec le méthylphénidate une solution rapide et efficace à des difficultés dont l'origine peut être organique, biologique ou psychologique. Quels psychiatres font faire des analyses poussées avant de prescrire la molécule bien pratique ? Si la plupart des parents n'ont aucune idée de ce que représente un tel traitement, il est à se demander si les prescripteurs eux-mêmes, ou au moins certains d'entre eux, sont bien au courant des effets parfois dévastateurs et non réversibles du traitement qu'ils prescrivent. Il semblerait que non.

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Commentaires

Vos commentaires

Par Saleté de maladie le Mardi 29 juillet 2014 à 14:52
Très très bon article, j'ai mon fils qui souffre de la même maladie, l'hyperactivité et je le plaint, ca a l'air vraiment handicapant...
Par maladie de horton le Mercredi 14 janvier 2015 à 14:45
Courage, c'est pas facile, et les maladies sont vraiment partout, moi je suis atteint de la maladie de horton, j'essaie de garder le sourire malgré tout mais c'est difficile étant donné que je l'ai appris il y a 3 jours
Par Diane le Dimanche 15 mars 2015 à 20:17
Ce n'est pas le seul à avoir fait ce genre de fourberie, pour les antidépresseurs aussi surtout le Brofaromine qui a servi à plusieurs études dans plusieurs pays pendant des décennies et qui n'a finalement pas été commercialisé.des chercheurs ont été payé toute leur carrière et reçu des prix au dépend de personnes vulnérables, on retrouve des trace dans l'eau des fleuves ...mais personne lève la main pour dire qu'ils ont ét' guerrie .
Par Marc2 le Vendredi 24 avril 2015 à 23:02
Attention aux approximations ! Vérifier vos sources ! Cette phrase, que je vois citée partout sans discernement sur le Net, "le TDA est un exemple de maladie fabriquée" et citée seule, hors contexte, laisse penser que le Dr Eisenberg a reconnu une supercherie délibérée, une fiction. Toute une rumeur est née là dessus, colportée sur le Net. Mais ce n'est pas ce que le Dr Eisenberg a dit. Son discours (voir interview in extenso) était en substance : le TDA est "inventé" (c'est à dire surdiagnostiqué)par les médecins, alors qu'une partie seulement des gens qu'ils traitent doivent leur problème à l'irrégularité de la dopamine (donc le TDAH).
Vous allez beaucoup trop loin, trop vite, et (excusez moi) à tort et à travers ("le TDAH est une maladie inventée") etc...


Un lien utile : http://www.hoaxorfact.com/Health/inventor-of-adhd-called-it-a-fictitious-disease-facts-analysis.html
Par Open-minded le Vendredi 31 juillet 2015 à 11:14
A Marc2
Merci pour votre commentaire qui montre que vous vous préoccupez des articles sur le sujet et souhaitez vous porter en défenseur d'une cause qui semble être celle des prescripteurs. Néanmoins, la phrase du Dr Eisenberg n'est pas vraiment hors de propos puisque des liens amènent à des articles plus détaillés pour qui veut bien les lire et il en existe d'autres, plus précis, sur le sujet. Les internautes curieux peuvent y jeter un oeil pour être parfaitement avisés. Vous écrivez que "le TDA est inventé (c'est à dire surdiagnostiqué) par les médecins". Non, "inventé" ne veut pas dire "surdiagnostiqué". Vous écrivez : "une partie des gens qu'ils traitent...", mais de qui s'agit-il ? Le pluriel que vous employez semble indiquer plusieurs personnes et certainement pas le Dr Eisenberg puisqu'il est décédé. Par ailleurs, vous indiquez qu'une partie seulement des personnes traitées doivent leur problème à l'irrégularité de la dopamine (que vous associez à cette "maladie"). D'où tenez-vous ces informations et que voulez-vous dire précisément par "irrégularité de la dopamine" ? Ne voulez-vous pas dire plutôt "fonctionnement (ponctuellement ou non) hors norme des capteurs dopaminergiques" ?
 

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