Hyperactifs-TDAH

Hyperactifs, TDAH et compagnie

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Hyperactifs, TDAH et compagnie

Lundi 8 avril 2013 à 12:00

"POUR EN FINIR AVEC LE CARCAN DU DSM"


C'est le titre d'un ouvrage-pamphlet d'une cinquantaine de pages paru chez Erès en 2011.

Le DSM (Diagnostic and Statistical Manual of mental disorders) ou "Manuel diagnostique et statistique des désordres mentaux" est une classification des maladies mentales élaborée par l'Association des psychiatres américains (APA) qui s'est imposée depuis une trentaine d'années comme la référence mondiale unique.

Les auteurs (il s'agit d'un ouvrage collectif) dénoncent les effets de cette position hégémonique qui appauvrit la pratique clinique et stérilise la recherche. Ils contestent la validité scientifique et clinique des catégories du DSM ainsi que leur inflation, inutilement coûteuse et dangereuse, spécialement pour les enfants étiquetés précocement de façon abusive, comme c'est le cas pour les "hyperactifs", "TDA" ou "TDAH" puisque ces dénominations/entités qui se veulent médicales ont été créées par ce manuel pour des raisons qui débordent parfois l'intérêt sanitaire.

Depuis l'adoption du DSM dans le monde, les pratiques sont devenues de plus en plus réductrices et peu respectueuses des personnes en souffrance. Les praticiens ont fini par se plier à des normes diagnostiques et thérapeutiques sous contrôle politique et économique et sous influence des entreprises pharmaceutiques. L'un des auteurs, Tristan Garcia-Fons, nous interpelle en signalant que les catégories du DSM font aujourd'hui l'objet de campagnes de marketing publicitaire et de lobbying.

Les auteurs indiquent que le choix unique de l'OMS, en considérant comme un acquis scientifique le manuel de l'Association américaine, met en avant des pratiques aléatoires qui participent ainsi d'un complément pharmacologique devenu indispensable selon les critères indiqués. "Le DSM démontre lui-même qu'il suffit qu'une liste de "troubles" manifestes soit établie sans tenir compte des structures où ils s'inscrivent, il suffit que ces "troubles" soient détachés des circonstances subjectives de leur éclosion, pour que l'hypothèse d'une cause organique s'impose aussitôt. Cette conception réductionniste d'un "homme machine" n'a trouvé jusqu'à ce jour aucune preuve corroborée par l'expérience, y compris dans les travaux neuroscientifiques les plus reconnus.

"On ne peut plus opposer causalités psychique et organique", peut-on lire, "puisque la première influe sur la construction de la seconde... En supprimant la causalité psychique, le DSM impose en contre-coup la causalité organique. Ce choix est d'autant plus anti-scientifique qu'il proscrit d'autres références et que son usage est imposé aux praticiens dans le codage des diagnostics. Or l'impossibilité de réfuter un point de vue a pour conséquence de le faire sortir du domaine de la science".

Cet ouvrage nous fait comprendre que l'utilisation d'un tel répertoire brut de troubles et dysfonctionnements n'apporte que des "clichés de surface". Il nous fait prendre conscience, en outre, que la médecine qui fonctionne sur ces bases mélange également des éléments d'ordre hétérogène (cliniques et moraux en particulier). Ainsi, les "Troubles des conduites" et l'"Incivilité" sont transformés en maladies. C'est comme cela qu'en l'absence de scientificité, on arrive à une inflation de "troubles". De 106 pathologies en 1952, on en est à 410 "troubles" dans la version actuelle (avant la 5e version du DSM). Les auteurs alertent sur le fait que le DSM V aura "construit des « faux positifs » dont les seuls bénéficiaires risquent d’être les groupes pharmaceutiques."

Auteurs : Jean-Claude Aguerre, Guy Dana, Marielle David, Tristan Garcia-Fons, Nicolas Gougoulis, Thierry Jean, François Kammerer, Patrick Landman, Claude Léger, François Leguil, Michel Patris, Gérard Pommier, Jean-François Solal, Dominique Tourrès-Gobert, Alain Vanier.
Avec la participation de : Jean Garrabé, Bernard Golse, Roger Misès.

Ouvrages de référence :

 

Allen, Frances, « À propos des 19 "propositions" du DSM V », La lettre de Psychiatrie Française, N° 194, sept 2010).

Bazalgette, Gérard, La tentation du biologique et la psychanalyse. Le cerveau et l’appareil à penser, Toulouse, érès, 2006

Besse, A. « L’AFPEP et son action internationale », Bulletin de l’AFPEP, janvier 2011

Cosgrove, L. ; Krimsky, S. ; Vijayaraghavana, M. ; Schneider, L. “Financial ties between DSM-IV panel members and the pharmaceutical industry”, Psychotherapy and Psychosomatics, vol. 3, University of Massachusetts, avril 2006, traduction française : « Liens d'intérêts financiers entre comité d'experts du DSM-IV et industrie pharmaceutique », José Morel Cinq-Mars, Tristan Garcia-Fons et Francis Rousseau).

Decorpaliada, Marco, Shizométrie, petit manuel de survie en milieu psychiatrique EPEL 2010, Gori R. ; Del Vogo. M.-J. La santé totalitaire, Paris, Denoël, 2005

Gori, R. ; Del Vogo, M.-J. Exilés de l’intime, LA médecine et la psychiatrie au service du nouvel ordre économique, Paris, Denoël, 2005

Gori, R. De quoi la psychnalyse est-elle le nom ? Paris, Denoël, 2010

Kirk, S. ; Kutchins H. Aimez-vous le DSM ?, le triomphe de la psychiatrie américaine, Synthélabo, 1998.

Lussier, Martine, Le travail du deuil, Paris, Puf, Le fil rouge, 2007.

Roudinesco E. Pourquoi la Psychnalyse Paris, Fayard 1999

Kernberg, Otto F. Les troubles graves de la personnalité : stratégies thérapeutiques, Paris, Puf, 1989.

Lane, Christopher, Comment la psychiatrie et l’industrie pharmaceutique ont médicalisé nos émotions, Paris, Flammarion, 2009 sur la « fabrication » des dernières catégories).

Malaval, J.-C. « Limites et dangers des DSM », L’évolution psychiatrique, 68, 2003, p. 39-61

 

CLASSIFICATIONS ne répondant pas aux critères DSM :

- Classification du Pr. Misès : C.F.T.M.E.A. édition CTNERHI 2002

- Le P.D.M. américain : Interdisciplinary concil of Developmental & learnings disorders 2006

- O.P.D. allemande : Hogrefe & Huber 2000.

 

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