Hyperactifs-TDAH

Hyperactifs, TDAH et compagnie

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Hyperactifs, TDAH et compagnie

Lundi 8 décembre 2014 à 17:18


 Sous ce titre en clin d'oeil, nous avons voulu aborder le thème de la ségrégation qui s'est installée en France dans le milieu scolaire au regard d'enfants différents, dont les "TED". En effet, encore beaucoup d'enfants pointées par des neurologues comme souffrant de TED, c'est à dire d'un ensemble de troubles, dits "envahissants" du développement, sont écartés des classes. Motif ? Ouvrons un peu la porte d'entrée pour voir ce qui s'y passe. Vous pouvez 
cliquer ICI pour lire quelques articles de Magali Pignare, intitulé "THE AUTIST". Magali est la maman de Giacomoni, autiste de haut niveau. L'autisme fait partie de la classification des TED. Avant d'entrer dans le vif du sujet, il est sans doute utile de rappeler quelques notions.

Mais avant tout, parlons de la classification des différents TED, qui varie selon le pays. En France, c'est le CFTMEA qui était utilisé. Néanmoins, on assiste de plus en plus à une sorte de flou artistique dans les classifications depuis que la Haute Autorité de la Santé (HAS) a demandé que ce soit la classification internationale des maladies (CIM-10) qui fasse référence, alors que, dans le même temps, de plus en plus de neurologues se basent sur le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-5) des Etats-Unis, manuel au demeurant de plus en plus controversé d'un côté comme de l'autre de l'Atlantique.

Ajoutons à cela que les "spécialistes" ont tendance à ne pas saisir où se trouve la lisière entre un trouble et un autre au point que certains passent d'un diagnostic à un autre qui n'a rien à voir. J'ai rencontré une neuro-pédiatre en milieu hospitalier qui avait prescrit un antipsychotique à un enfant pour lequel le diagnostic était assez vague, pour ensuite lui prescrire, à la demande d'un des parents et sans retirer la première prescription, un psychostimulant, qui fait l'effet exactement inverse du premier traitement. Où est le sérieux dans tout cela ?

Je vous invite à regarder le tableau ci-dessous, extrait de l'encyclopédie en ligne Wikipedia :
Classifications de l’autisme et des TED

  CIM-10 DSM IV CFTMEA
         
F.84 TED TED Psychoses précoces (TED)
F.84.0 Autisme infantile Troubles autistiques Autisme infantile précoce – type Kanner
F.84.1 Autisme atypique

Autres troubles envahissants du développement

Troubles envahissants du développement
non spécifiés incluant l’autisme infantile
Autres formes de l’autisme
  • Psychose précoce déficitaire
  • Retard mental avec troubles autistiques
  • Autres psychoses précoces ou autres
  • TED
  • Dysharmonie psychotique
F.84.2 Syndrome de Rett Syndrome de Rett Troubles désintégratifs de l’enfance
F.84.3 Autres troubles désintégratifs de l’enfance Troubles désintégratifs de l’enfance
F.84.4 Troubles hyperactifs avec retard

mental et stéréotypies

Pas de correspondance Pas de correspondance
F.84.5 Syndrome d'Asperger Syndrome d'Asperger Syndrome d'Asperger
F.84.8 Autres troubles envahissant du développement    
F.84.9 Trouble envahissant du développement non spécifié Trouble envahissant du développement non spécifié

Ceci était une petite introduction. Vous noterez que certains troubles du CIM-10 n'ont pas d'équivalence dans le DSM-IV ni dans le CFTMEA. A noter également : la notion de "psychose infantile" qui n'existe pas hors de France.

Ah, j'allais oublier : il paraît que les TED ont à nouveau changé d'appellation; on les nomme à présent les TSA ou "Troubles de la sphère autistique". De quoi nous rassurer quant à la clarté des troubles chez les "spécialistes". A quoi riment ces changements continuels de noms et de diagnostics ? D'autant que certains neurologues ont de plus en plus tendance à diagnostiquer un TDA(H) ou Trouble déficitaire attentionnel avec ou sans hyperactivité des enfants que d'autres spécialistes avaient ou auraient classés parmi les TED/TSA. La raison serait-elle plus économique que sanitaire ?

Pour ce qui est de l'étiologie, là non plus on ne peut trouver une base solide car les médecins et thérapeutes ne sont pas tous d'accord. Voici un aperçu des diverses causes mises en avant par les uns et les autres :

  • origine génétique (sans précision)
  • mère psychologiquement instable (profil variable selon les auteurs - thèse qui disparaît)
  • réaction à choc(s) physique(s) et/ou émotionnel(s)
  • environnement toxique durant la grossesse de la mère
  • environnement toxique (émanations d'incinérateurs...)
  • alimentation carencée (manque de magnésium en particulier - cause génétique possible)
  • alimentation toxique (pesticides, additifs...)
  • alimentation allergène (lait, gluten) causée par l'évolution agro-alimentaire
  • vaccins toxiques, notamment certains excipients
  • réaction aux sucres (l'alimentation actuelle en regorge)

Revenons à ce qui fait l'objet de cet article : la ségrégation en milieu scolaire. Comme le dit Magali Pignare, "En France, contrairement aux autres pays européens, les personnes handicapées ne sont pas incluses dans la société : elles sont concentrées et vivent à part dans des institutions". Certes, certains enfants sont "acceptés" dans le cursus normal. Malgré tout, les enfants handicapés ne sont quasiment pas scolarisés dans ce cursus (20% en bénéficie mais à temps partiel et rarement après l'école primaire). "Il est courant de refuser un enfant handicapé dans une école au motif qu'il est handicapé et cette pratique est tolérée par les instances juridiques".

J'ai l'exemple d'une mère qui a du batailler car la maternelle où son fils, atteint d'une maladie génétique, était inscrit après un déménagement, avait fait marche arrière en apprenant la pathologie de l'enfant, sous prétexte de manque de place (il y en avait avant qu'ils ne sachent de quoi il était atteint). On ne mesure pas la tristesse du petit lorsque sa maîtresse lui a dit qu'il ne pouvait pas revenir alors qu'elle l'avait accueilli une première journée avec des enfants auxquels il s'était attaché. Fort heureusement, après bien des périples, une directrice plus ouverte l'a intégré dans son école. L'enfant en question poursuit actuellement des études universitaires parfaitement normales.

Madame Pignare nous parle de Timothée, élève autiste de 15 ans, qui était scolarisé dans son collège de secteur l'an dernier mais qui a été empêché physiquement de rentrer cette année au collège, le personnel de direction ayant refusé de l'inscrire et de l'accueillir dans une classe. Timothée n'est toujours pas scolarisé au jour où j'écris l'article. Pourtant tout se passait bien dans ce collège, les élèves l'appréciaient et il avait de bons bulletins. Hélas, ce cas n'est pas un cas isolé.

La mère de Timothée doit déposer prochainement une requête* au Conseil d'Etat car sa requête en référé a été rejetée au motif que "La seule circonstance que cet enfant ne soit pas scolarisé en milieu ordinaire, même si elle ne répond pas aux souhaits de sa mère, ne caractérise pas une atteinte grave et manifestement illégale à une liberté fondamentale". Quid donc de nos chères lois qui prévoient que les enfants handicapés puissent suivre une scolarité en milieu ordinaire, justement ? Quelle valeur ont donc les textes ?

La mise à l'écart des enfants différents est une forme de maltraitance et la France est parfois maltraitante, qui a été condamnée 5 fois par le Conseil de l'Europe concernant la situation dramatique de personnes autistes dans ce pays. En février dernier, tels étaient les termes de la condamnation : "Il y a violation de la Charte sociale européenne révisée en ce qui concerne le droit des enfants et adolescents autistes à la scolarisation en priorité dans les établissements de droit commun, et l'absence de prédominance d'un caractère éducatif au sein des institutions spécialisées". La Convention internationale relative aux droits des personnes handicapées recommande l'inclusion en milieu ordinaire. Aucun pays développé ne peut soutenir un pays qui vise à placer les enfants handicapés dans des institutions lorsque l'enfant en question a des possibilité d'évolution en milieu ordinaire.

Depuis 2005, il faut l'accord des parents pour "orienter" un élève vers un centre spécialisé. Inclure un élève handicapé dans le parcours normal permet d'éviter que se créent des handicaps secondaires comme les troubles psychologiques engendrés par l'éducation séparée et la coupure sociale. 


* Madame Pignare fait appel à des dons pour aider la mère de Timothée, Maryna Zholud, car les frais d'avocats au Conseil d'Etat sont élevés. Les détails sont sur ce site (cliquer).


 

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