Hyperactifs-TDAH

Hyperactifs, TDAH et compagnie

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Hyperactifs, TDAH et compagnie

Lundi 30 septembre 2013 à 16:29

DU BON USAGE DES PSYCHOTROPES
Le médecin, le patient et les médicaments

Dr Alain Gérard
Editions Albin Michel, 2005

Alain Gérard est un ancien chef de service adjoint des hôpitaux psychiatriques et expert auprès de l'Agence française de sécurité sanitaire (Afssaps, à présent ANSM). Il s'insurge contre ce qu'il appelle des "vérités toutes faites". Opposant à priori deux approches de la psychiatrie, la parole ou la pilule, il se prononce finalement pour les deux. "Pourquoi se priver de prescrire un médicament qui apaise d'abord un patient que l'on va engager dans une psychothérapie au long cours ?", se demande-t-il.

Le Dr Gérard pense que notre société considère avec suspicion (et culpabilise même parfois) ceux qui ont recours au psychotropes, s'offusquant de ce que certains praticiens déconseillent voire interdisent un tel traitement à leurs patients en analyse ou en psychothérapie. A travers une série de "cas", dont un enfant "hyperactif", celui-ci montre la complexité de la relation thérapeutique qui se tisse chez le psychiatre et l'importance du temps consacré à l'écoute. Il plaide également pour un usage raisonnable et raisonné des psychotropes sur la base d'une information rigoureuse des patients et d'une formation approfondie des médecins.

Notre avis :

Si l'auteur semble à l'écoute de ses patients, il montre également un certain recul qui peut s'apparenter à un manque d'empathie étonnant pour un psychologue. Je cite un passage : "Après le succès très relatif de différents antidépresseurs classiques, l'idée m'était donc venue DE TESTER chez ce patient difficile les effets psychostimulants de la toloxatone... Restait l'iproniazide, une ancienne molécule, le presque dinosaure. J'avais prévenu oralement le patient des invonvénients et des risques... et j'avais souligné que nous partions peut-être pour un traitement de longue durée. Il n'aimait pas les médicaments, il ne les aime toujours pas. Mais il n'aimait plus sa vie... Nous avons donc augmenté la posologie avec prudence par paliers de trois semaines.... à deux comprimés une insomnie est apparue accompagnée d'énervements ; Nous sommes redescendus à un comprimé et demi par jour, la "dépression" avait enfin disparu"... "Depuis sept ans, le traitement est poursuivi. Au fil des années, Nicolas C. a pu enfin prendre confiance en lui et faire ce qu'il avait envie de faire... Dans un environnement exigeant où les adaptations sont incessantes, il sait temporiser puis, le moment venu, faire avancer ses projets. Est-il drogué ? Je ne le crois pas, mais je ne suis sûr de rien."

 Ces lignes nous montrent à quel point le médecin se comporte en alchimiste, essayant ici un produit, puis un autre, passant d'une posologie à une autre et se servant de son sujet comme d'un cobaye. Cela montre également comment un traitement à la base prévu pour être une aide ponctuelle finit par être un traitement à vie. Outre cela, nous voyons que le Dr Gérard appuie là où ça fait mal : le rôle de l'environnement, devenu extrêmement exigeant.

Alain Gérard est, malgré tout, conscient des effets nuisibles de l'utilisation de psychotropes chez les jeunes : "L'usage de psychotropes chez l'adolescent et plus encore chez l'enfant est depuis toujours sujet à polémique. La maturation du cerveau étant en plein développement, une attitude de réserve semble s'imposer." Il est d'avis que la gravité d'un trouble doit être démontrée avant d'utiliser un médicament et surtout que l'on en ait prouvé l'inocuité. "On observe", écrit-il, "des utilisations importantes de sirops destinés à calmer ou à faire dormir de très jeunes enfants. L'ordonnance est trop souvent rédigée pour aider les parents peinant à apaiser les besoins de leur enfant plutôt qu'à traiter réellement un problème. L'objectif est alors de faire taire un symptôme gênant, ce qui est évidemment simpliste." Toujours est-il que cette façon de faire est encore utilisée pour des médicaments franchement plus actifs et plus dangereux, comme le méthylphénidate (Ritaline, Concerta, Quasim), qui fait partie de la classe des stupéfiants, et cela, le Dr Gérard ne le dénonce pas clairement.

Dans le chapitre intitulé "Un problème de santé publique", l'auteur du livre nous questionne sur comment les données de sécurité ont été recueillies, établies et publiées. "En l'attente de résultats précis", écrit-il, "des mises en garde ont été faites". Certes. Mais les mises en garde sont-elles suffisantes, bien ciblées et surtout sont-elles respectées ? Ne peut-on pas purement et simplement suivre le principe de précaution de base (Primum non nocere, un précepte enseigné aux étudiants en médecine) ? Ce que l'on pourrait questionner, c'est pourquoi l'ANSM donne-t-elle des AMM à des médicaments ne respectant pas ce principe de précaution, comme c'est le cas pour le méthylphénidate, par exemple.

Les parents d'enfants que l'on diagnostique hyperactifs ou TDA/H doivent rester vigilants et se renseigner précisément sur les traitements ou thérapies à mettre en place en première intention avant de donner un avis favorable (s'ils le souhaitent) à la mise en place d'un traitement par psychotrope. Tout doit être fait pour traiter les causes et non le symptôme et il faudrait avant tout faire faire des analyses biologiques approfondies à l'enfant concerné car bien souvent ce sont des carences qui sont la cause des déficits remarqués. Mais aussi et parfois une mâturation plus lente dûe à un blocage affectif (environnement anxiogène). La place du médecin prescripteur est importante dans l'information car c'est par lui qu'elle passera ; une omission risque ainsi d'être préjudiciable à l'évolution et la maturation du cerveau de l'enfant qu'il souhaite traiter car rien ne permet d'affirmer à l'heure actuelle l'inocuité de tels traitements.

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