Hyperactifs-TDAH

Hyperactifs, TDAH et compagnie

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Lundi 30 septembre 2013 à 20:30

POUR EN FINIR AVEC LE CARCAN DU DSM
Initiative pour une clinique du sujet

Editions Erès, 2011

Le DSM (Diagnostic and statistical manual of mental disorders), qui est le livret américain de classification des maladies mentales, a été élaboré par l'Association des Psychiatres Américains (APA), fer de lance de l'industrie pharmaceutique outre-atlantique. Ce manuel est peu a peu devenu la référence mondiale unique, au détriment d'autres classifications existantes.

Les auteurs, qui ne réfutent pas l'intérêt des classifications, dénoncent les effets pervers de cette position hégémonique ; ils contestent la validité scientifique et clinique des catégories du DSM, ainsi que leur inflation, jugée inutilement coûteuse et dangereuse, spécialement pour les enfants étiquetés précocement de façon abusive.

"La pression des laboratoires pharmaceutiques est énorme dans le champ de la psychiatrie adulte, privant d'ailleurs les enseignants d'une possibilité de tranmission véritablement libre des connaissances, et la situation, si nous n'y prenons garde, risque de devenir identique dans le champ de la psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent", prévient Bernard Golse, un des auteurs. "L'avènement du DSM IV*... est venu s'inscrire dans un contexte socioculturel général et profond de défiance envers la pensée et envers la mise en sens, comme si l'homme n'était, au fond, qu'une pure machine biologique et génétique". Pour lui, "le danger de l'imminent DSM V* est sans doute plus grand que celui d'un mouvement qui vise à mettre à mort les sciences humaines dans notre pays : tous les seuils des différentes rubriques nosologiques vont se voir abaissés, tant et si bien que presque tout un chacun pourra être étiqueté comme pathologique et susceptible de relever de tel ou tel traitement psychotrope."


En opposition au DSM, Roger Misès, professeur émérite de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent à l'université de Paris-Sud (décédé depuis la parution de l'ouvrage), parle de la Classification française des troubles mentaux de l'enfant et de l'adolescent (CFTMEA) et des innovations d'ordre conceptuel et pratique qui ont été remises en question à l'introduction en France, dans les années 1980, du DSM III. "On a vu alors resurgir les thèses mécanisistes, fixistes, unidimensionnelles, provenant du XIXe siècle, et l'on a pu constater aisément qu'avec ces conceptions, le clinicien n'était même plus en mesure d'établir un écart entre les pathologies avérées et les manifestations qu'on peut rencontrer dans le cours du développement normal (des angoisses, des peurs, des rituels, des accès de turbulence, des incivilités, etc.)". Le psychiatre dénonce l'élimination progressive mais certaine des perspectives curatives.

Michel Patris, un autre co-auteur, chef de service à l'université de Strasbourg, signale que "les dégâts causés par l'adoption passive ou active du système DSM par l'OMS, l'industrie pharmaceutique, les compagnies d'assurances, et sous l'effet de leurs pressions sur les pratiques, les décisions politiques, les orientations de la recherche apparaissent aujourd'hui considérables".



* La dernière version du DSM, le DSM 5, est déja validée à l'heure où nous écrivons et les seuils que mentionne B. Golse sont effectivement abaissés.

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